Il n’existe pas vraiment de consensus sur la définition du haut potentiel. La convention la plus généralement admise, même si elle ne donne aucune autre indication, est le fait d’avoir un résultat de test de QI (quotient intellectuel) au-delà de 130 sur l’échelle standard de Wechsler reconnue par l’OMS.

Définition et limites du test de QI

Cette convention a été adoptée parce que le mode de fonctionnement du cerveau, tel qu’il apparait chez les HP, (à savoir une pensée en arborescence et une très grande vitesse de fonctionnement au niveau de la transmission de l’information) est généralement observé chez les 2,3% de la population qui ont un QI de 130 ou plus.

Le test de QI n’est pourtant pas un bon outil pour détecter le haut potentiel. En effet, s’il mesure des compétences cognitives, comme la compréhension verbale ou le raisonnement perceptif, il ne mesure pas la créativité, l’imagination, la finesse des émotions qui sont pourtant les caractéristiques les plus remarquables chez la plupart des HP.

À contrario, certaines personnes ont un bilan de QI assez hétérogène qui ne permet pas de conclure à un haut potentiel alors qu’une des compétences testées est bien au-delà de la moyenne et entre parfaitement dans la « définition » du haut potentiel. Pour ce type de profil, relativement fréquent, le QI a dès lors peu de sens pour détecter le haut potentiel.

Les défis des personnes à haut potentiel

De plus, la définition traditionnelle du haut potentiel, à travers un QI élevé, met en avant le concept de « personne douée », dont la connotation positive gomme complètement le fait qu’un HP doit souvent faire face, tout au long de sa vie, à des difficultés d’adaptation liées à sa différence.

Trop souvent encore, l’approche des thérapeutes consiste à envisager le haut potentiel du point de vue du fonctionnement très performant du cerveau et de ses « différences » de fonctionnement dans les interactions sociales (à l’école, en famille) plutôt que de s’intéresser aux besoins, aux forces et aux faiblesses des personnes HP.

La sophrologie : Une approche corporelle

La sophrologie est intéressante parce qu’en travaillant sur le corps plutôt que sur le cerveau, elle ne peut que constater le déséquilibre flagrant dans la corporalité d’un HP. En prenant le contrepied de l’approche traditionnelle du haut potentiel, elle apporte un point de vue innovant en se concentrant sur l’ancrage du corps plutôt que sur le cerveau. Ainsi, elle propose d’agir sur trois axes différents mais complémentaires.

Premier axe : L’apaisement du mental trop présent

Le premier axe travaillera sur l’apaisement d’un mental trop présent. Cela passera par des SDB permettant de descendre profondément dans la détente, comme celles basées sur Schultz mais aussi par des SDN qui permettront d’évacuer toutes les pensées parasites qui encombrent de façon souvent disproportionnée le cerveau des HP. Des exercices réguliers de relaxation dynamique peuvent aussi être très utiles. En effet, ils permettent de prendre conscience du corps et font passer au second plan ce mental trop présent.

Deuxième axe : le rééquilibre de la relation corps-tête

Le deuxième axe travaillera sur le rééquilibre de la relation corps-tête, en se concentrant sur les sensations physiques. Ce rééquilibre est essentiel pour permettre aux personnes HP de redécouvrir leur schéma corporel et de se sentir plus présents à elles-mêmes, même si cela n’est souvent pas simple à mettre en œuvre. En effet, le corps est souvent mal perçu tant en ce qui concerne les limites de ce corps que ses besoins. Ils sont dès lors maladroits, manquent d’aisance dans leurs mouvements, se cognent partout. Cela va même parfois jusqu’à être incapables de manger proprement. D’autres ont tendance à ne pas écouter leur corps et sont incapables de se rendre compte qu’ils ont faim ou soif.

Troisième axe : la gestion des émotions

Étant donné cette déconnexion par rapport à leur corps, la sophrologie peut proposer des séances qui permettent de se mettre à l’écoute des messages envoyés par ce dernier. Les exercices de relaxation dynamique apparaissent alors comme une évidence. Cependant, ils ne sont généralement pas appréciés des HP parce que cela leur demande beaucoup d’efforts de ressentir leur corps par manque d’habitude. Pourtant, en mettant les sensations corporelles en avant, la sophrologie permet de redonner au corps une plus juste place.

Le troisième axe travaillera sur la gestion des émotions. En effet, il s’agit d’un défi pour les personnes à haut potentiel chez qui la gamme des émotions est à la fois plus fine et plus intense que chez les autres. Comme les émotions sont vécues comme des agressions dont il faut se « protéger », certains HP ont tendance à construire autour d’eux un mur de protection émotionnelle qui leur donne une image de personne froide. D’autres HP, au contraire, se laissent complètement submerger par leurs émotions et sont totalement incapables de les contrôler.

Conclusion

La sophrologie peut alors combiner une approche basée sur la respiration et sur l’écoute du corps. Ainsi par exemple, le sophrologue proposera de vivre et revivre en pensée une situation émotionnelle forte, tout en respirant en cohérence cardiaque. Cela permettra de diminuer progressivement la charge émotionnelle par un rééquilibrage physiologique du système nerveux autonome grâce à la pratique de la cohérence cardiaque mais aussi d’arriver à apprivoiser cette émotion pour mieux la gérer. Une meilleure gestion des émotions permettra non pas d’inhiber les émotions mais de mieux les comprendre et les accepter.

La sophrologie en travaillant sur ces trois axes permet de faire émerger toutes sortes de sensations physiques pour permettre aux personnes HP de ressentir leur schéma corporel comme une réalité vécue et ainsi les faire progresser dans une meilleure conscience d’eux-mêmes à la fois physique et émotionnelle.

écrit par Marie Panou

Sophrologie et haut potentiel
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