En Belgique comme ailleurs, la santé mentale de nos ainés est une question de plus en plus préoccupante. L’allongement de la vie, l’isolement, la perte de proches, d’autonomie ou de repères génèrent un terrain fragile, où tristesse, anxiété et repli sur soi peuvent s’installer insidieusement.
Face à cela, les antidépresseurs sont trop souvent prescrits comme réponse unique, parfois même en prévention d’un mal-être latent. Pourtant, des approches non médicamenteuses comme la sophrologie peuvent offrir un complément ou une alternative douce, respectueuse et souvent bien plus adaptée aux besoins de nos aînés.
Trop d’antidépresseurs, pas assez d’écoute ?
Une étude menée par les Mutualités libres a révélé que la consommation d’antidépresseurs chez les personnes en maison de repos est élevée. Ainsi, plus d’un résident sur deux consomme des antidépresseurs souvent de manière chronique. Et malheureusement, ce constat reste stable d’année en année.
De plus, la prise d’antidépresseurs se fait le plus souvent sans suivi psychologique adapté. Certaines associations et mutualités belges alertent régulièrement sur le risque de surconsommation médicamenteuse. En effet, non seulement ces traitements peuvent entraîner somnolence, perte d’équilibre, confusion mais ils ne traitent pas réellement la cause réelle du mal-être. Ainsi, une partie du mal-être chez les personnes âgées est à chercher dans un manque d’écoute, de stimulation, de mouvement intérieur. Autant d’aspects que peut prendre en charge la sophrologie, dans une logique d’accompagnement global de la personne âgée.
Sophrologie : de quoi parle-t-on ?
La sophrologie est une méthode induisant de la relaxation et plus de conscience corporelle. Elle est adaptée à tous et intègre des exercices respiratoires, des mouvements doux et des visualisations. Ellevise à réharmoniser le corps, les émotions et le mental.
Cependant soyons clair, ce n’est ni une psychothérapie ni une relaxation passive. Elle permet surtout aux personnes de mobiliser leurs ressources intérieures, de retrouver une certaine stabilité émotionnelle et un sentiment de calme et de paix intérieure.
Que peut apporter la sophrologie aux personnes âgées ?
Les bénéfices de la sophrologie sont nombreux mais chez les personnes âgées, elle agit de manière particulièrement appropriée et ce, sur plusieurs plans :
Apaiser les troubles anxieux et dépressifs légers
Les techniques de respiration guidée, les mouvements doux et les visualisations positives permettent de réduire l’anxiété, d’améliorer l’humeur et de favoriser un meilleur sommeil.
Grace à des exercices simples, la personne âgée apprend à faire le calme en elle, à revenir à ses sensations corporelles et à se reconnecter à des souvenirs positifs ou des images mentales réconfortantes. Elle peut ainsi retrouver une certaine paix intérieure qui peu à peu lui permet d’améliorer sa qualité de vie.
Rompre l’isolement intérieur
Même entourées, les personnes âgées peuvent se sentir solitaires intérieurement, perdues dans des pensées sombres ou des ruminations. La sophrologie leur donne un espace d’expression non verbale, un moment rien qu’à elles, où elles peuvent se recentrer sans jugement. Elles réapprennent ainsi à se connaitre et se reconnectent à elles-mêmes.
Stimuler la mémoire affective et la vitalité
À travers des visualisations, la sophrologie fait appel à des souvenirs positifs, à des sensations agréables. La personne ne revit pas seulement une scène passée, elle ressent à nouveau la chaleur de ce moment, la joie partagée, la présence de ceux qu’elle aime. Bref, elle revit l’événement dans sa tête et dans son corps ce qui lui permet de recréer des souvenirs forts et de raviver un bonheur oublié.
Les visualisations peuvent aussi permettre une projection vers des petits projets futurs, une reconnexion à la capacité d’agir, même à petite échelle pour sortir, s’ouvrir, créer du lien et ainsi redécouvrir de petits plaisirs simples, porteurs de sens. Ces projections ne visent pas de grands changements. Elles permettent d’allumer une lumière sur demain, de réactiver le désir, si discret soit-il.
Améliorer l’image de soi et le rapport au corps
Le vieillissement modifie la perception du corps, parfois de manière douloureuse. Grâce à des mouvements doux et à des temps de présence à soi, la sophrologie aide à réconcilier la personne avec son corps, à accepter ses limites sans renoncer à l’envie de se sentir bien. Elle apprend aussi à revenir au ressenti, non pas pour viser l’excellence mais simplement pour habiter son corps autrement, sans jugement. Enfin, la sophrologie ne cherche pas à positiver à tout prix mais à accueillir différemment, à redonner une place à son corps comme un allié plutôt que comme un obstacle et c’est déjà beaucoup !
Une approche humaine, adaptable et respectueuse
L’un des grands atouts de la sophrologie, c’est qu’elle est totalement adaptable : elle respecte le rythme de chacun, peut être pratiquée assis, allongé, en fauteuil roulant, les yeux ouverts ou fermés, dans le silence ou guidée par la voix du praticien.
Elle peut aussi être une porte d’entrée vers d’autres envies : écrire, écouter de la musique, partager avec d’autres, reprendre confiance dans la relation. Elle redonne une place à la personne, là où trop souvent, on la réduit à ses pathologies.
Un complément ou parfois une alternative aux traitements médicamenteux
Avant tout soyons clair, la sophrologie ne guérit rien et ne remplacera jamais un traitement médicamenteux. Cependant, elle peut en réduire la nécessité ou les doses, notamment dans les cas de dépression légère, d’insomnies, de tensions nerveuses ou de douleurs psychosomatiques.
Dans certains cas, après évaluation par un professionnel de santé, elle peut éviter l’introduction prématurée d’un antidépresseur, surtout lorsqu’il s’agit de répondre à une détresse existentielle, une solitude ou un sentiment d’inutilité si souvent présent chez nos ainés. En effet dans ces situations, l’écoute, la parole et le mouvement intérieur ont bien plus d’effets durables qu’un comprimé.
La sophrologie a aussi une dimension préventive importante. En effet, en stimulant régulièrement la respiration, la mémoire affective, l’attention et la présence à soi, elle entretient des fonctions cognitives, émotionnelles et corporelles essentielles au bon vieillissement.
Enfin, elle renforce la résilience, cette capacité à traverser les obstacles que la vie met sur notre route sans sombrer, à retrouver du sens même dans les périodes les plus sombres.
Gardons toujours en mémoire que la vieillesse n’est pas une maladie. Une personne âgée qui pleure, qui doute, qui se sent seule ou inutile, n’a pas toujours besoin d’un médicament. Parfois, elle a surtout besoin d’être écoutée, guidée, accompagnée dans un mouvement de retour à elle-même.
La sophrologie offre un espace de respiration au cœur du grand âge, une pause de douceur dans un quotidien parfois figé. Elle permet de retrouver une liberté intérieure, là où le corps et la vie semblent se refermer.
Plutôt que d’endormir les émotions, elle les accueille et les transforme, avec bienveillance. C’est en cela qu’elle mérite d’être mieux connue et reconnue et davantage proposée dans les institutions, à domicile et dans tous les lieux où vivent nos aînés.
